Je participe actuellement à une multitude de réunions sur l’or bleu qui nous fait cruellement défaut en ce moment.
Des maires dans le Vallespir sous la houlette du sous-préfet, aux agriculteurs réunis à Saint Estève à l’appel du magazine l’Agri, en passant par des réunions sectorielles ou de villages, je peux dire qu’il y a beaucoup de responsabilité, de compréhension, de volonté de partager l’eau, voilà ce qui me fait dire que la guerre de l’eau n’aura pas lieu !
Au contraire la prise de conscience collective gagne toute la société catalane. Elle entraine l’acceptation de petits sacrifices de la part des populations afin de sauver ce qui peut être sauvé cet été pour les humains, les animaux, les productions agricoles nourricières et l’économie touristique.
La grave situation que nous connaissons est, de mémoire de catalans, inédite. Le niveau de crise est atteint au plan de la sècheresse des sols, de la pluviométrie, des cours d’eau, des nappes plio-quaternaires ou des barrages et autre retenue de la Raho. Restrictions et frustrations touchent la population, les mairies et en partie le monde de l’agriculture et du tourisme.
En effet, tous les efforts qui sont demandés le sont dans le but de « sauver » l’eau pour les humains, les animaux et, quoi qu’on en dise, les productions agricoles nourricières si possible.
Cette période pose deux questions :
– Aurons-nous assez d’eau pour passer l’été ?
– Quelles leçons allons-nous en tirer ?
L’Agly est à sec et du coup la réserve karstique sous les Corbières est elle aussi en souffrance, le Tech dépourvu de barrage est en grande difficulté. Seule la Têt résiste un peu grâce au barrage de Vinça et ce malgré la décision du tribunal administratif de fixer le débit à 1500 litres secondes et la dérogation du préfet de passer à 1000 l/s alors que les irrigants demandent que seulement 600 litres soient laissés au fleuve.
La situation des barrages des Bouillouses et de Vinça, n’est guère rassurante, ils ne sont même pas à un tiers de leur capacité. En effet, même si on ne lâchait dans la Têt que les 600 litres/seconde exigés par le monde agricole et l’eau nécessaire aux canaux d’arrosage pour l’irrigation agricole notamment, il n’y aurait plus d’eau dans le barrage à partir de la troisième semaine de mai. Dès lors on ne pourrait laisser sortir que ce qui rentre dans le barrage c’est-à-dire pas grand-chose.
Dans ces conditions ne vaut – il pas mieux dans ces conditions, même si c’est très dur, conserver un peu d’eau dans le barrage de Vinça pour pouvoir continuer d’arroser, même un peu, et sauver l’essentiel en juin ou juillet.
L’urgence traitée, il faut travailler aux solutions de moyen et long terme en mettant en œuvre dès que possible le mix des alternatives :
– un adducteur entre le barrage de Vinça et la retenue de La Raho porté par le Département afin de profiter de la moindre goutte de pluie lorsque le fleuve est bien alimentée et le barrage doit être vidé en tout ou partie
– la recharge des nappes (automne et hiver) par les canaux vers des points précis de cours d’eau qui jalonnent notre département et qui le plus souvent ressemble à des oueds (Boulès, Canterrane, Reart …)
– La désimperméabilisation des sols dans les zones urbaines
– la réutilisation des eaux usées surtout quand celles-ci se rejettent en mer car pour les autres elles alimentent déjà nos rivières
– le rendement des réseaux d’eau des villes et villages
– la recherche de ressources alternatives de faibles ou fortes productions (sources, divers systèmes karstiques… )
– les retenues de stockage lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions
Enfin une action forte sur la terre et le climat en reconstituant la réserve utile des sols, en nourrissant la terre de carbone et de matières organiques, en couvrant le sol de végétaux et en plantant de nombreux arbres, au minimum 10000 hectares, (haies, feuillus etc.). En quelques décennies nous pouvons cultiver la pluie en d’autres mots faire pleuvoir.
Oui nous pouvons lutter contre le réchauffement climatique à partir d’un territoire comme le département.
Nicolas Garcia
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