Nous sommes en crise, il ne pleut pas, nous vivons la pire sècheresse que les Pyrénées Orientales ont connu depuis des lustres. Au demeurant cette variation climatique risque de s’aggraver durant les années à venir. Ce qui était l’exception est en passe de devenir la règle. Le préfet a pris un arrêté sommes toutes modéré au regard de la vraie situation mais intelligent par rapport au drame que pourrait constituer le passage d’une alerte renforcée à une situation de crise (dernier stade) qui permet l’utilisation de l’eau uniquement pour les besoins domestiques.
Les restrictions sont là, respectons les et faisons les respecter, en espérant que concomitamment à la pluie espérée, elles aient une efficacité pour ne pas se retrouver en niveau de crise dans un mois. Agriculture, industrie, collectivités et y compris la Raho doivent réduire de moitié leur consommation jusqu’au mois d’avril, le remplissage des piscines privées individuelles ou collectives est interdit tout comme l’arrosage des jardins d’agrément, des stades, des plantations de fleurs et d’arbustes, le lavage des voitures (hors aire spécialisée) et des rues est proscrit, bref tout usage non essentiel de l’eau doit être évité. Ce n’est même plus une question d’arrêté préfectoral ou municipal mais une question de bon sens, mais pour efficaces qu’elles soient les restrictions ne suffiront pas. Par ailleurs durant le mois de mars, syndicat mixte de la plaine du Roussillon, Chambre d’agriculture, Association des Maires, acteurs du tourisme de plein air, vont organiser 4 réunions publiques dans diverses unités de gestion de l’eau avec les consommateurs plus ou moins importants afin d’affiner au plus près du terrain l’organisation de l’usage de l’eau en cette période compliquée, il faudrait aussi que les maires relaient l’arrêté préfectoral voire en prennent un semblable et se donnent les moyens d’en contrôler l’exécution.
Quelques questions se posent : est-il fatal de subir cette situation? Aurions nous pu retarder l’échéance ou du moins amortir les effets de cette faible pluviométrie?
Nous sommes nombreux au Département, au syndicat mixte des nappes de plaine du Roussillon et dans d’autres milieux à porter depuis des années des propositions.
Nous sommes maintenant le dos au mur et il faut agir!
Les élus et les populations d’aujourd’hui ont hérité de l’intelligence de leurs ancêtres : canaux millénaires, barrages, retenue, lacs… Et nous? Qu’allons nous léguer en la matière aux générations futures? rien?
Nous aurions pu créer, et nous y sommes encore à temps, une structure départementale de gestion de la ressource en eau créée et administrée par toutes les collectivités et structures productrices d’eau (à l’image de ce qui a été fait pour les ordures ménagères avec le SIDETOM ou pour la restauration et le transport scolaires avec l’UDSIST désormais udsis). Ce syndicat auraient pu valoriser les ressources alternatives dont le département est riche, les mailler, les interconnecter. Hélas pour des raisons incompréhensibles de pure politique politicienne des réticences empêchent d’avancer.
Nous pourrions laisser un adducteur (aqueduc) entre le barrage de Vinça et La Raho, travailler à la recharge des nappes par les canaux et autres cours d’eau, souvent transformés en oued. Ces recharges permettent de stoker l’eau en souterrain, ces retenues de stockages souterraines moins chères, moins impactantes pour le foncier, qui évitent l’évaporation permettent à l’eau de ne pas se perdre.
Le ministre a réuni à Paris les préfets de bassin le 27 février et l’ensemble des préfets le 6 mars pour mettre en œuvre un plan sècheresse.
En premier lieu un gros travail d’économie de la ressource en eau est à faire, nous pouvons et devons encore gagner sur les rendements de réseaux des collectivités territoriales. Pour cela il y a des enveloppes budgétaires à débloquer en urgence vu la fragilité financière de nos mairies, communautés de communes et autres acteurs de l’eau et vu les coût de ce genre de travaux. Un plan d’aide à l’investissement les collectivités qui exploitent la ressource et le réseau en régie (service public) et des obligations à faire les travaux nécessaires pour les sociétés délégataires et singulièrement celles qui exploitent à la fois la production et la distribution d’eau en lieu et place des communes, communautés de communes ou syndicats. Autres enveloppes budgétaires à prévoir pour la recherche, la réalisation et l’exploitation de ressources alternatives (réutilisation des eaux usées, exploitation de réserves Karstiques, maillage des entre les différents réseaux, retenus de stockage, recharge des nappes…). Dans ce département, bien doté en ressource en eau, nous avons besoin de revenir à une rationalisation de la gestion de l’eau pour laisser aux générations futures une ressource de qualité et quantité suffisantes et ce malgré les variations climatiques et pluviométriques.
Nicolas Garcia.
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