Je suis malheureusement hors département ce jour-là, mais si j’étais présent dans les PO à titre personnel je manifesterais le 24 janvier à l’appel de la chambre d’agriculture. Je ne manifesterai pas contre des positions écologistes mais pour encourager le préfet à défendre en appel les arrêtés pris par ses prédécesseurs sur les débits réservés dans la Têt au niveau du T6, zone où 6 canaux prennent leur eau dans la rivière. Je manifesterai car sur un dossier sensible comme l’eau où il faut se rassembler, travailler ensemble, surmonter les divisions et les postures, cette décision du tribunal administratif ne va pas aider, bien au contraire. Cette décision de justice qui s’appuie sur des textes et des principes nationaux casse deux arrêtés pris par deux préfets différents, en 2015 et 2017, après consultation de personnes et d’organismes qui siègent au CODERST (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) et qui connaissent bien la réalité du terrain et la spécificité des cours d’eau méditerranéen. Alors qu’aucune étude ne démontre une aggravation spectaculaire de l’état biologique de la rivière en aval de ce point, le jugement double quasiment le débit d’eau réservé à celle-ci. C’est autant d’enlevé aux canaux dont il n’est plus à prouver l’utilité pour l’agriculture (cela engendrera de graves problèmes) mais aussi pour l’environnement (corridor de biodiversité, alimentation des nappes superficielles, survie de la végétation naturelle et autochtone). Cette décision affectera aussi par ricochée les Bouillouses. Certes le département connait une grave crise de l’eau, c’est historique et cela peut être pire l’été prochain. On ne peut se contenter d’affirmer « nous avons été les plus vertueux », la situation est là et il faut prendre dans l’urgence de nouvelles mesures. La gestion de l’eau doit se faire désormais bien plus collectivement et franchement, en levant tabous, réticences, querelles politiciennes et de pouvoir, État, Chambre d’agriculture et autres professionnels (tourisme, industrie…), Département, communes et communautés de communes ou urbaine, Région, usagers… doivent mieux travailler ensemble. Au Syndicat des nappes ou au Département avec la présidente Hermeline Malherbe et la majorité, nous travaillons à cette gestion collective et sommes prêts à participer au financement, c’est une question de solidarité territoriale. Au-delà des indispensables économies, des solutions existent, elles sont multiples et proviennent de nombreux organismes, étudions – les, il en existe de très pertinentes. Certes à court terme nous ne pouvons pas faire pleuvoir (même si nous pouvons commencer à cultiver la pluie) mais nous pouvons nettement améliorer la gestion de la ressource en eau afin de la préserver pour les générations futures.
Nicolas Garcia.
CPRessourceenEau