Les 4 et 5 octobre la MOT (Mission Opérationnelle Transfrontalière) dont je suis au nom du Département un vice-président, tenaient son Assemblée Générale et ses rencontres transfrontalières à Bayonne et en Pays Basque sud et nord. Des réunions et visites sur le terrain avec retours d’expériences fort intéressants comme toujours avec la MOT. Si on sent bien l’utilité de l’Europe c’est bien dans les bassins de vie transfrontaliers. Bassins de vie dont la mission opérationnelle est en train d’essayer d’en cerner la définition exacte.

Au cours de la clôture l’occasion m’a été donnée de prendre la parole respectueusement mais sans consensus sur le fond, devant, entre autres, Dominique Faure, secrétaire d’État chargée de la ruralité, Christian Dupessey, maire d’Annemasse et président de la MOT, Jean René Etchegaray maire de Bayonne et Mathieu Bergé, Conseiller Régional de nouvelle aquitaine, président de l’office public de la langue Basque et élu d’opposition à Bayonne. J’ai remercié naturellement les techniciens qui œuvrent pour faire avancer la coopération transfrontalière, le plus souvent hyper motivés et volontaires. Remercier aussi la MOT qui permet ces journées d’études et de travail. J’ai également évoqué les bassins de vie et l’espace catalan transfrontalier créés à partir d’un accord Département66, Generalitat de Catalunya, Diputacio de Girona, proposition validé par le poctefa. « Les bassins de vie ne pourront être considérés pleinement comme tels que lorsque l’on aura réglé les problèmes des mobilités, notamment ferroviaires et douces et la question, des langues parlées dans ces espaces transfrontaliers. Or madame la ministre, monsieur le préfet, mesdames et messieurs les élus ces deux sujets sont à l’ordre du jour dans l’essentiel de nos territoires transfrontaliers. La question de l’apprentissage des langues du territoire, soulevée par mon collègue de Moselle est une vraie question. Comment peut-on prétendre vouloir développer les échanges sociaux transfrontaliers, mettre les langues communes dans l’espace public quand on permet à un préfet en occurrence celui des Pyrénées Orientales, d’introduire une requête en annulation auprès du tribunal administratif de Montpellier contre une commune pour un article de son règlement intérieur permettant aux élus qui le souhaitent de présenter des délibérations en catalan (langue européenne parlée par plus de dix millions de locuteurs) à condition qu’il y ait une traduction en immédiate et in extenso en français. Autre sujet d’inquiétude j’ai, comme beaucoup d’entre nous, été choqué à la vue hier du pont international entre Endaye et Irun complètement fermé par des grillages et barbelés* (des images qui rappellent les pires moments de la guerre froide aux frontières Est – Ouest). Nous avons dans les Pyrénées Orientales une situation similaire au Col de Banyuls et en fait cela n’empêche qu’une seule chose c’est les rencontres entre braves gens. Cette situation est contraire à tous les discours sur l’Europe transfrontalière et aussi à la charte européenne qui met le devoir d’humanité en avant dans ses règles. D’ailleurs les tribunaux ont déjà tranché en ce sens dans certaines affaires.« 

Enfin troisième sujet abordé dans mon intervention, la liaison ferroviaire entre Perpignan et Figueres par la ligne LGV, sur laquelle ne circulent que deux TGV par jour et à des heures et tarifs inadaptés. « Un sujet que connait bien Philippe Voiry, ambassadeur chargé des questions transfrontalières, présent dans la salle. J’en ai parlé avec lui lors de sa visite l’année dernière dans les PO, et je sais qu’il évoque le sujet en haut lieu avec beaucoup de monde. Il n’y a pas que l’écartement des voies qui pose un problème dans le ferroviaire transfrontalier puisque entre Perpignan et Figuères les voies sont les mêmes et on n’arrive pas à mettre en place les trains nécessaires aux bonnes relations, aux bonnes circulations, aux bons échanges entre habitantes et habitants d’un même territoire transfrontalier. C’est donc que le problème est ailleurs entre les deux États et j’aurais bien voulu poser la question hier à l’ambassadeur espagnol des affaires transfrontalières. Nous avons les voies, les matériels adaptées, la technologie, alors où est le problème? Qu’attendons nous pour parfaire ce bassin de vie transfrontalier, répondre aux besoins des populations et aux orientations européennes affichées en matière de politiques transfrontalières … »
Nicolas Garcia

* Après moi Mathieu Bergé avec véhémence et Jean René Etchegarray avec plus de diplomatie diront à ce sujet la honte et la colère qui les animent. Expliqueront qu’une dizaine de migrants sont morts à cause de ce barrage qui a obligé ces malheureux à traverser le fleuve à la nage. Les deux élus Bayonnais demanderont solennellement à la ministre de faire cesser cette ineptie inhumaine et contraire au devoir d’humanité.